Excursion

Il a fallu grimper, pousser des portes invisibles

Traverser des goulets des espaces encombrés

Errer, tournicoter se perdre

Dépasser quelques crêtes puis oser respirer.

 

Pouvoir dire bonjour au vent

Hôte de ce plateau de carême

Simplement vêtu d’herbes blêmes

Qu’indiffère mon passage éphémère

Mon pas, lourd à l’équilibre précaire.

 

Le chemin revêche se tortille

En deça de la surface du sol

Vers le coeur de la matière

Vers la naissance du Temps.

 

Oser respirer, regarder, tendre l’oreille

Sourire à la caresse du vent

Laisser entre chaque seconde

Toute sa place au temps.

Entendre les battements

Sentir le jaillissement du sang.

 

Dans le ciel l’oiseau aux vastes ailes

Plane, fait des cercles

Adepte et maître des courants.

Dans les troupeaux, demandes et réponses

Vibrent, résonnent comme un geste

Un salut qui me rassénère

Fraternité du vivant.

 

La nuit venue, les rêves créent leurs univers.

Au matin, peut-être quelques passerelles

Relieront tous ces mondes qui naissent

Changent, meurent, souvent se réassemblent.

Ici l’herbe et le vent dessinent

Peignent, chantent

Tandis que, rassuré je me blottis

Nourrisson solitaire dans le creux de ma main.

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