Traces 2023
Une chambre d’ivresse, une chambre de deuil, une chambre sans paresse, ramure, sans accueil. Une chambre où tout cesse mais ailleurs tout renaît, à l’ombre d’un veil arbre qui paraît calciné, au sommet d’une butte caressée par le vent, dans les eaux brunes du fleuve, sous un ciel revêtu de mille et un tourments. Où aller se cacher ? Dizaine de facettes ou milliers de fragments, dispersés. Que faire d’une présence humaine ? Entourée ou cernée ? Isolée forcément. Perdue, évidemment..
Et parfois, colonne d’air, ce souffle qui tend, offre quelques mots. Et, parfois, des mots sur une feuille qui ouvrent le néant, embellissent ténèbres. Mais décors. Qu’importe ?
Quelques instants de grâce, une petite pièce, de la lumière, penché-e sur son ouvrage, un-e artisa-ne gratte délicatement la couche, sédiments – haine, détresse – jusqu’à laisser apparaître quelque forme, mystère, lumière. Qui la reconnaitra ? Pas celles, pas ceux qui passent et jacassent, la tête tournée à l’envers de leurs corps, les bras tordus, les hanches désaxées, les pieds perdus, les épaules chargées de rage et de remords. Elles, ils passent, se déplacent, parcourent la planète mais jamais ils ne cessent de ne pas être là. Et toi, invisible, tu cherches trouves quelques emblèmes, symboles qui flottent sur la terre, époussettent tes pas. Ton ombre t’accompagne, se déplace avec toi, tout autour de toi mais tes traces s’affacent, se dispersent ; il ne reste rien déjà.